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Montréal cette femme au seuil du nommable
à l’orée du principe
j’appréhende ce concept
et en contient la fuite vers jamais toujours
il n’y aura pas de poinçon
pas de fêlure
pas d’écartèlement
pas de fission
Montréal drôle de moineau
qui piaille
comme mes semelles
les jours de grisaille
les jours incinérés de l’Est
sous les lignes de chemtrails
allant venant entre les affaires et les vacances
Montréal chosifiée
comme un amour schizoïde
abstraite
sans saveur sans nom
sinon tout
folie universelle
droite et disciplinée
Montréal nouveau monde
d’un état d’âme à l’autre
tu avances et recules mon heure
deltaplane ou désespoir
que sais-je
Montréal récit
ici ou ailleurs
l’un et l’autre
striés du nom des morts
et parfois des poteaux
pour une gloire quelconque
à saveur de vieilles luttes
renouvelées
des débats
des circonvolutions périphériques
des pseudodémocraties
des héritiers
Montréal conspuée conchiée adulée idôlatrée
Montréal manège
les hauts le cœur
et la sérénité éthylique
Montréal cachet
architecture médicament artistes
Montréal répétée en autant de Montréalais par instants
Montréal infrastructures du règne minéral
puis ce moment de la nuit de la traversée des neiges
où se noircissent les lignes verticales
où les violences de la tempête se suicident dans mes yeux de gamin
Montréal je pleure sinon quand c’est possible
Montréal poème
d’un graffiti
d’une mauvaise herbe
d’une lézarde
d’un coin où pisser
où mourir incognito
une petite vite
un spliffe
une abeille
un potager
un chat
un vélo
un cadenas
un hamac
les ruelles n’ont pas de nom