#taïga, lecture 2020

#taïga, 2015, version 2020

/taji̊ga/

j’irai me perdre dans les rues infâmes

jusqu’à ce que je trouve l’espoir de ta main

il existe des écorces 

qui ne tiennent qu’à un fil

les bornes ponctuent mon exclusion 

sans chemin 

ni retour

le souvenir de t’avoir touché

un acouphène sur la peau de mon chagrin

tout puissants que sont les alvéoles cendrés de la ville impériale

déployer les prières et les aveux

rien ne songe à te mentir

sinon les lieues et ton indifférence

je m’anarchise de te convaincre

existerions-nous ailleurs que dans le souvenir

un mouvement céleste et ton cœur

le code et les gestes

t’appartiens-tu?

l’arbre d’être un arbre?

demain la taïga?

*

la terre ne sera plus la terre

et le ciel

le ciel

les corporations mur à mur

de rive en rive

jusque dans l’air

invisibles et impunies

derrière les médias Hollywood

Québec ou Canada

les riches n’ont cure

ni des peuples

ni des nations

ni de vos valeurs

ni de votre identité

menacée

mais les espèces

les océans

le mur

le non-retour

à quand la lumière de redevenir la lumière

à quand l’arbre d’être un arbre

l’exil est dans ma tête

demain la taïga

*

les genévriers chantent en mineur

la langueur de l’automne

la Mort me sait par le cœur

me sépare d’il n’y a plus personne

mais la rue nous marchera la voie

la voix en avant et le silence et dors

demain le blond du ciel

parfois en hurlant

les salauds

dehors

la voix en chantant les oiseaux

alors

demain la taïga

*

j’ai le loup qui cherche dans la lune un écho

j’ai le béluga de l’urgence de nous défendre

j’ai le caribou pour marcher ma colère

j’ai la chouette à veiller sur nos enfants

j’ai l’alouette en colère dans la tête

j’ai les arbres tendus

sous le vent

la pluie

les étoiles

et le soleil

car demain

demain la taïga

*

la grande brisure du monde et du sol

pour voyager seul dans un bolide

la grande brisure du monde et du ciel

pour voyager seul dans la ville

la grande brisure du monde et des âmes

qui errent et qui fourmillent

soudain l’arbre naquit 

à qui l’arbre devait?

à lui-même pour la gloire du soleil

de son verbe qui réduit le tibias

l’homme et le monde

de redevenir cohérent

la marche des âges et des fleuves

existerions-nous ailleurs?

mais quand?

demain la taïga?

dans les sous-bois

la ville cache sa voix

elle thésaurise

ce qu’il faut que tu nous dises

hantises

les Rois et les girouettes

la ville cache ses gestes

et les restes

des squelettes

qu’elle rejette

l’écran et le volume éteint

la ville se déverse de l’écran lointain

et tu guettes le repos à venir

des étoiles aux enfants pour dormir

et la rue traversera les quartiers

abandonnés

à une poignée de fédérés

où crois-tu te rendre et à qui?

le blason et te refaire un nom

en pleine savane et sarbacane

les lances hautes et dignes

ou la pêche à la ligne

toutes les charpentes aux toits des enfants

d’un âge sans prière

les hommes, les femmes et les fauves

dans la courbure du soleil

toutes les gloires oubliées

que la gloire des pigeons et des statues

l’âge et les fleuves…

où iras-tu mais quand?

demain la taïga?

*

cette terre et ces langues spoliées, plus aucun mot ne signifie liberté

je vais regagner ma couche, sans aucun mot dans la bouche

je vais déterrer un rêve, qui meurt d’envie de la sève

j’attends la lumière de redevenir la lumière

j’attends l’arbre d’être un arbre

et qui sait

demain la taïga?

*

je n’en suis pas qu’à la colère

j’en suis déjà au rêve

à la rage d’espoir

et à la fraternité des arbres

sous le ciel de nos prières

que nous lançâmes

à la sororité de nos blessures

ouvre-moi un œil

offre-moi une oreille

prête-moi un langage

la certitude est de te rencontrer

demain la taïga

*

#taïga

– clodius, 2015

nature boy

There was a boy
A very strange enchanted boyThey say he wandered very far
Very far over land and seaA little shy and sad of eye
But very wise, was heAnd then one day
One magic day he passed my way
While we spoke of many things
Fools and kings
This he said to meThe greatest thing
You’ll ever learn
Is just to love
And be loved
In return

Source : LyricFind Paroliers : Eden Ahbez

Paroles de Nature Boy © Sony/ATV Music Publishing LLC, Warner Chappell Music, Inc, Songtrust Ave