En passant

#laGare

Deux hommes sur un banc. En face d’eux, une voie ferrée, une seule. À dix mètres une fine plage déserte. Puis la mer jusqu’à l’horizon.

Gontran : Il me semble que c’était hier…

Une mouette passe et se fout d’un graffiti qui dit : « Sous les pavés la plage ».

Paulo le cafard amnésique se gratte la tête en se demandant pourquoi il y a deux cons sur un banc.

Lionel : T’en souvient-il, Rodolfe, des blés dorés avant le clônage?

Gontran : Je fus le roi Rolmopps premier. Je vais en transylvanie manger ma nièce Berthe aux grands pieds.

Lionel : Quelle heure il est chez toi?

Le chien pékinois : Wok! Wok!

Un cloporte colporteur sur un unijambiste cycliste : ¡No passaran!

Gontran : J’attends ma montre. Le train de la chance ne passe qu’une seule fois.

Le lapin rose qui sort du bordel. J’suis en retard. Où c’est le train fantôme qui m’a posé un lapin.
Deux lièvres courent devant un graffiti et se foutent du slogan qui dit : « L’injustice devient la loi, la révolution devient une obligation. »

Lionel : J’ai joué aux billes avec Mathusalem, il trichait toujours.

Une blatte qui a le cafard vénère un scarabée.

Gontran: Tu te rappelles, Isidore, Mathilde de la Guilde lorsqu’elle roulait en patins?

Un essaim d’abeilles tague sur le mur derrière les vieux cons : À bas Mosanto. – Les intellectuels AUCHAN

Un bourdon qui a le bourdon passe devant le mur et se lamente sans voir le slogan qui dit : « Tout politicien rasoir doit être jetable. »

Lionel : J’ai voyagé avec Hercule Poirot dans l’Orient-Express. Maintenant c’est un légume.

Gontran : J’ai connu des pucelles aussi délurées que Sainte-Nitouche qui a été battue à plat de pine.

Lionel : J’ai été amoureux d’une cantatrice poilue. Elle avait des seins de rhinocéros.

Un vieux singe passe et fait la grimace sans piger que dalle à un graffiti qui dit : « Libertad o Muerte ».

La mouette muerte : Je trépasse!

Gontran : Tu te rappelles, Félicien, les boucles d’or d’Ursule la petite fille aux cigarettes.

Le mur derrière ces très vieux cons : J’étais enfant. Je faisais le mur et l’école buissonnière. Te rappelles-tu de Berlin et de la Palestine?

Lionel : Te souviens-tu, Ignace, la fois où j’ai vu les flics abattre un Blanc dans la neige?

Le chat noir et blanc pissant sur le mur : Faudra faire lever la patte à ces chiens de fascistes!

Une colombe passe et chie sur un graffiti comme une mouette chie sur un président qui se fout du slogan qui dit : « Liberté, égalité, fraternité. »

Gontran : Te rappelles-tu, Boniface, ma main dans ta gueule de farce?

Lionel : As-tu souvenance, Casimir, des bons du Trésor de l’enfance. Tu trichais aux billes.

La jument grise passe au galop sans se soucier du graffiti qui scande : « Ni pute, ni soumise! »

La bonne du curé passe sans chemise, sans pantalon.

Une cigale criant famine se désole sans voir le graffiti qui dit : « Élections piège à cons ».

Gontran : Jamais, je n’ai eu un ami comme vous attendant ma perte.

Lionel : J’ai toujours cru en ma bonne Étoile. Elle ramasse toute la poussière.

Un aigle à deux têtes passe en se fichant du graffiti qui dit : « Si je n’étais pas reine, je serais anarchiste. En sommes, je suis une reine anarchiste. C’est ce qui fait que la cour me dénigre et ce qui fait que le peuple m’aime. »
Un paquebot au pied beau passe en se rappelant un poème de Jean Cocteau.

La marésalope passe et ratisse les algues sans se soucier du graffiti qui dit : « Je suis un anarchiste qui traverse dans les clous pour ne pas avoir d’ennuis avec la maréchaussée.

Une hirondelle passe sans faire le printemps.

Une fourmi féministe : La foule est punaise. Vive l’âne et l’anarchie!

Gontran : Savais-tu, Elzéar, comme le disait George Brassens, le véritable anarchiste marche toujours entre les clous parce qu’il a horreur de discuter avec les flics.

Lionel : La mouche se mouche. Touché coulé!

Deux pies verts qui s’épivardent sur le beurre et l’argent du beurre passe sans prêter attention aux vieux cons sur le banc.

Trois naïades à genoux sur une vague, une policière en jarretière. Une infirmière infirme.
L’autre plombière de bites : Qu’est-ce qu’ils sont cons ces cons.

Trois sirènes à la course les suivent : Cunégonde la policière en polissonne.
Eulalie l’ambulancière ambulante.
Hildegarde la pompière de bites : Qu’est-ce qu’ils sont cons ces cons!

Gontran : Les coquelicots sont à la lune ce que sont les amis à l’oubli.

Le vent passe. Un cul en cache un autre. Sous l’effet du Papillon, survient la chute du mur.

*****

Guy Lechevallier : https://www.facebook.com/profile.php?id=100006769757122&fref=ts et Clodius  : https://www.facebook.com/clodius.rimailleuxfref=ts, 2016.

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