culture 0001 | le sens contre l’aliénation

|L’ART ET LA SPIRITUALITÉ CONTRE L’INDUSTRIE ET SES DÉCHETS| 1v1

Selon le postulat néo-béhavioriste de la primauté de l’environnement sur les êtres et les choses, on peut dire que la production culturelle est la base de la production spirituelle, en ce sens que la culture est un patrimoine de sens sociaux qui agissent sur le patrimoine de sens personnels qui font la spiritualité autonome d’un individu. Elle éveille un rapport du corps avec le monde.

La production industrielle qui répète les sensations sans construire de sens ni rien remettre en question participe de l’aliénation. La production industrielle n’a pour but que de reproduire le capitalisme et ses rapports anti-sociaux où nous sommes assujettis aux marchandises.

Il y a quelque chose que l’art « artistique » que le mode industriel de production n’a pas. Si le mode de production ne compte pas, alors la production de n’importe quelle marchandise sérielle est une œuvre d’art. Le pire serait de porter le travail mort et le travail vivant au même niveau. Il faudrait peut-être dire que l’art industriel n’a pas le rapport vivant de rechercher une construction de sens.

En étudiant la paralittératures, on arrive à cerner les tensions dans l’art populaire. Cette production du peuple pour le peuple a rapidement été récupérée par l’industrie qui possédait les moyens techniques de mécaniser la reproduction des œuvres. Ceci dit, il y a des génies de la littérature qui sont entrés dans un mode industriel de la production de récit concernant le contenu de tels produits. Dans les paralittératures, on répète les stratégies et des mécanismes narratifs pour multiplier l’offre marchande de récits. Bien entendu, il y a du génie dans les paralittératures, ce génie est de l’ordre du commerce. Des feuilletons des Mystères de Paris, nous sommes arrivés aux séries audiovisuelles de Netflix.

Je ne crois pas que la production en série relève de la recherche de sens, bien qu’elle en restitue des conventions. La production en série relève de la recherche de profit, de sorte que le profit est le strict contraire de la spiritualité, une quête de sens originale d’un corps qui se réfléchit dans le monde. Le nœud du problème met en tension l’intention et la production, en ce sens que l’intention de vendre l’art change le produit lui-même en dépit des méthodes de production. Entre une œuvre d’art et une marchandise, la perversion tient du marché qui les distribue. Une production spirituelle devrait, à mon sens, entretenir un rapport de sens, comme toute parole publique devrait être une recherche de dialogue. Car construire du sens, c’est construire de l’ordre : la culture structure la société.

Les ventes aux enchères ou les étagères du Dollarama ne sont pas très différentes, puisqu’il s’agit de se débarrasser d’une production pour générer un profit. La vente d’œuvres n’est pas tellement différente que la vente d’une camelote, car les affects en cause sont l’avarice et l’exploitation. On produit un objet à se débarrasser sans que l’on soit peiné, sans établir de contact social, car le client reste un inconnu sur le marché qui va probablement se débarrasser lui-même de la marchandise, fût-ce aux enchères ou aux ordures.

Finalement, l’industrie produit des déchets. Une anomie spirituelle, sociale et écologique.

Le travail de la culture est de construire du sens, d’apporter un ordre qui lie le corps, l’esprit, la société et le monde dans une expérience humaine digne.