Yves-Marie Abraham : Pour une décroissance soutenable et solidaire

*** Quelques arguments pour la décroissance.

Le Marché n’existe pas, il est immatériel, seule l’Entreprise est incarnée par des humains colonisés. C’est à mon sens encore la preuve que l’organisation Autoritaire est la matérialisation de la hiérarchie par l’obéissance des humains à une entité irréelle. C’est le propre de notre aliénation, de notre dépossession du Monde par la colonisation de nos esprits. Nous admettons le pouvoir de l’irréel sur notre réalité en obéissant au discours Autoritaire. Prétendre que l’irréel agit sur le réel, notamment par l’exercice de la violence, est aisément psychiatrisable.

Wizenne : exposé sur l’anarchisme

*** Écoutez les commentaires sur Ni Dieu, ni maître, Chomsky et le ciel 😉

Je suis anarchiste au sens que l’explique Wizenne. Et puis, « la liberté des autres étend la mienne à l’infini ».

Là où la religion est néfaste, c’est quand des humains l’instrumentalisent pour exercer un pouvoir contre les autres. L’exercice du pouvoir contre l’autre est l’expression de deux choses que les anarchistes considèrent la même : l’Autorité et la violence (initiale, volontaire et non-consentie), en un mot, le hiérarchisme.

#typingHashtags

/tajpiŋˈaʃtagz/

Voici #typingHashtags, 2015, 2e édition 2019

5 parties composent le recueil :

– #typingRécit – Prologue/épilogue

– #typingPlaies – Amours

– #typingCorps – Maladie

– #typingCrocs – Politique/Écologie

– #typingSangs – Poèmes de rue

Bonne lecture!

***

#typingHashtags

Clodius

ISBN : 978-1-329-24791-8

© 2015, 2e édition 2019

***

#typingRécit

#parlure

J’ignore les canons de la langue

la norme, sa prescription

Je parle des mots maussades

je dis pour vrai, à la rigolade

On me dit soigne ton langage

pourtant il est toute vigueur tout vulgaire

comme une fleur ordinaire

ornée de soleils et d’orages

J’ignore les canons de la langue

S’il est de mise de vous plaire

de quelque façon que ce soit

je n’en ai cure

À souère, m’as vous en faire des belles tournures!

***

#typingPlaies

#rage

Je marche la course

que tu me fais marcher

Gonflé de semences

aux pulsions pugnaces

pour la fente de ton gouffre

qui me fait la grimace

Valse tes aveux

Vacarme ton histoire

Balade ta pudeur

Serre-moi comme le poing

d’un câlin vorace

*

#trésor

J’ai un mal de bloc

enweille les comprimés

Tes prières ménorragie

de mes angoisses pucelles

Ligatures solitudes

l’ombre d’une promesse avorton

l’amour de passage

sans laisser d’adresse

Ce soir-là, ce soir-là

nous aurions la liberté

comme maîtresse

que quelque part dans ses bras

l’amour disparaisse

*

#cœur

à chaque mise à jour

arrêt en cours

*

#pardonneMoi

L’asphyxie

du départ de tes yeux

de mes yeux

à la haine

Je m’itinérance

entre le vide du lit

et celui du téléjournal

je répète, je ressasse, je ritournelle

je réinvente, j’améliore et je fantasme

les bons mots

ceux qu’il fallait

ceux qu’il te fallait je dire

Dire mots tu voulais au lieu de

crétin je pantois pantin patinage

pâteux piteux pitié

pitre pô ti pit

pantoute

Pis toute gâcher

J’ai faite patate ostie

*

#restes

Je sculpte un fragment de toi

dans ma mémoire fragmentée :

Je pose une plume sur un os

un bijou ancestral

au temps de nous aimer

Je taille de la chaire

Je taille un morceau d’amertume

Je le pose

avec la plume

Et t’invente une chevelure

Je couds des abats

Ils ont ton regard horrifié

comme la lumière d’un train

Je prononce ton nom

trois fois

Tu ne reviens pas

Je prononce ton nom

mille fois

Mais tu résonnes dans mes cavernes

J’ai tant de fois cherché l’aiguille à ma douleur

que je ne réponds plus de mes poèmes

*

#tenter

cette maigre affaire

qui se voudrait amour

viens et souffle contre mon chagrin

jeune crois-tu encore et quelle chance

Wow! un easter egg!

Et dans la tête

la courbure la silhouette

un cameo camée ciselé confortable

les points de fuite

à l’envers à l’envi hâlant vie

rescapés

d’une saison qui n’a de cesse que de mourir

ils sont légions en ermitage dans le creux des regrets

si demain se pouvait

tenterais-tu tôt ou tard un temps?

*

#deux

Saveur perdue

Baisers souvenirs

Amour jadis

Accoutumance solitude

Temps manquant

Se raccommoder

Vaincre gouffre

Surgir neuf

Ex nihilo

*

#frenchPoem

Je me chavire la vie

par-dessus l’épaule

et ma tête

alouette

par-dessus bord

je te la balance en pleine gueule

Tu me charries ravie

relou

mon bijou

et moi

vénère

On se charivari

si c’est de l’amour

si, si, c’est de l’amour

*

#suintement

Les tintements mécaniques

qui orchestrent mes sourires

m’offrent tes sursauts et m’engorgent de joie

Dans tes yeux pris de panique,

deux bouchons métalliques,

tu te tournes et je fais un vœu.

Deux lueurs filantes.

Mon cœur saltimbanque.

L’orage est passé,

tu pleures sur mes joies,

alors mes pieds font la danse du parapluie.

Mon amour s’égoutte

par le tuyau à écoute

de ta voix qui sanglote,

une eau couverte de bulles.

Émergent les flutes

souillées par la lie

souvenir d’innombrables insomnies.

Les vapeurs qui s’envolent

des trous dans l’asphalte

parlent entre elles du savon sur tes mains.

Moi, je danse sous la pluie

sur une bouche d’égout,

je t’envoie des signaux pour l’évier de ton cœur.

*

#animaux

J’ai des montagnes de me rugir

j’ai des frontières à me mordre

et la vie t’étonne de nous courir à tue-tête

Mais c’est que je te cherche un nous

Dans mes cages de durcissement

où je dois rompre le Nord

et combattre l’appel du demi-tour

mais je ne veux plus tourner en rond

emmitouflé dans un fantasme d’hibernation

Je déboîte la parole

et t’articule un échange

le verbe maladroit

N’est-ce pas là toute la franchise

en pâture de te séduire

*

#laLangueEtLUsage

Les mains en majuscules,

prologues de ce langage

d’orateur adulé d’infinis tangages.

En apposition,

insinuations explicites,

aux roulis prononcés

d’explorations rhétoriques,

essentiellement riqueraque.

Pas le temps d’être patraque.

Nous voilà en de frénétiques quichenaudes

qui se taquinent coquinement.

Quoique cahin-caha,

conquises sans hic.

Nos peaux caquètent,

complètement extatiques,

quelques concubines automatiques,

leurs mécaniques auto-érotiques,

Apogée climatique, apnée, ponctuation.

Reprenons l’exercice, bouffé, expiration.

Virgule, suspension…

Ce yoga dicte une ode

juste avant un autre mausolée,

l’onirisme de Franz LEHAR

La veuve joyeuse

Merci. Merci. Merci.

*

#peau

Tu sculptes

la surface de mes yeux

Des sursauts d’imaginaire

Mes doigts de Braille

anticipent la courbure

de la nuit

perforée à te vouloir

*

#oneNight

Le voyage des jours s’amenuise

Le collage des peurs, ça me nuit

Le travail des heures samedi

Un cierge le désir une église

Le vœu pieux de te baiser

sans caresse ni détour égoïste

pour vaincre l’accident d’être seul

dans ces rues étranges

avec lesquelles je cohabite

dans le trajet de ton indifférence

Demande-moi si je t’aime

*

#timide

L’ordre des choses

se décide

Avouer un amour

intrépide

L’ordre des choses

se dévide

Avouer un amour

impossible

C’est lundi, c’est les vidanges

C’est le Midi, c’est la vendange

C’est un hostie, c’est ma vengeance

Les uns pour moi, ça me dérange

Les autres pour lui, elles se déhanchent

Moi pis mes jeux de mots

pas mal looser

J’pleure comme un veau

pis j’cale ma bière

*

#silenceOnTourne

Je me tais du silence ingurgité

de l’huître.

Je suçote, sénile,

l’âcre nacre,

emmitouflé dans l’étroite paresse

du manteau inhibé.

Je te maladresse la parole

en déboîtant le pas

en prémices de mon miracle marcher.

Encore là,

si mon miracle de bien marcher

à m’y méprendre

les jambes à mon cou.

Par mégarde,

je te le hoquette

par en dehors du en dedans cahoteux.

Silence! On tousse.

« Au carrefour quatre murs,

sous ma veste du météorologue de salon,

je meuble cet espace à louer

d’un ciel pour tes clochers.

Que j’entends au facteur vent

qui t’amène à la brunante

sur ma girouette paniquée

au parloir haut perché

au faîte de mon discours accessoire :

mes Trésors, mes Bibelots…

[…]

“… la poussière dans mon œil

de chien de faïence battue;

aux abois de mes matins hirsutes,

mes mégots de linges sales,

mes becs de café, instantanés,

mes éclaboussures de joies,

ma truffe enfouie sur tes cuisses,

mon glissement de journaux de dressage

de propreté du prélart décollé

sous mes bas troués

qui traînent des pieds,

qui titubent de tohu en bohu de Notre-Dame

voûté sous mes haillons de Monte Cristo

qui t’en promet des Trésors, des Bibelots,

des roulés-boulés pour un sucre

Mais il y a un os

Je roule ma bosse

’Tu as des piliers de m’attendre.

Ne vois-tu rien venir?

’Viens te cintrer dans mes épaules.

Viens me prendre,

viens me pendre

sur le dernier fil d’avril ou d’Ariane;

où, derrière quatre murs, je n’ai plus de feu.

’Aux ordures! mes armures.

Aux sacs verts! mes chimères.

Au diable! mes fables.

À la claire fontaine, mes rengaines.

Je t’ai trouvée si belle, etc.

que je me suis noyé, et puis voilà.

’Huître friande de la douce eau douce.

Huître qui abuse, boira.

’J’ai mâché sept fois mes mots

avant déparler.

’Je reprends mon air

au plus rond de mes poumons.

Je reprends mon air de coq à la con

et déchante aux quatre vents :

’Joindre les mains, prière?

Joindre les mains, menottes?

Joindre les mains, papier froissé?

Phtt!

Joindre les mains, la tienne, la mienne…’’

Mais rien n’y fait. Je pique du nez de mon cou dévissé

du parloir haut perché jusqu’aux pieds des piliers.

Piler, piétiner, trépigner.

Démence! On tombe.

*

#nightlife

Le sol se fait rare sous mes pieds

Les chansons se dérobent de sécheresse

Tu regardes au hasard du soir

Les lumières ont quitté nos yeux

Les danseurs?

Où sont partis les danseurs?

Leur cœur paisible

Sur le dernier refrain

Que l’on scande

Comme je scande ma solitude

Comme les marcheurs du Printemps

Comme un mantra

Comme une prière

Contre le vice du temps

Qui pourrit les gouvernements

L’espoir

Je rentre seul

Tu es loin

Traîtrise

Le soleil

*

#leQuandDuWe

Enfanter le mot

Comme une convulsion

Un spasme heureux

Le retour aux sources angoissées

Intriguées dubitatives et/ou

Enivrées d’espérances

D’astres aux lumières envahissantes

Je cite : « WTF »

My my

Comme la nudité de ta peau

Dans un univers hostile

Les lianes nous attrapent la main

*

#iAmStillRightHere

Bruges te zieute coi inquiète inquiétante

je dégomme gommeur le danger des lèvres

ta peau permute distale la distance et le déplacement

indifféremment de mes choix lexicaux

tu as Rodenbach la grimace panchromatique

à rebours de mon rollot

je décante splanchnoptôse la contenance de ma contenance

et vocifère pétrifié : « Crisse! Je t’aime! »

*

#fictive

la télé barbouille

l’amnésie fictive d’un instant

le courrier veut me vendre un rêve

auquel je ne rêve pas

le métro avance

n’avance pas

et avance

là où je vais

je ne sais pas

le ciel sourit

s’éteint

et me guette

l’horloge affiche

ce que ne regarde plus

là où je suis

je ne sais plus

je n’ai pas la moindre idée

ni le miel

ni l’ébullition

regarde autour de moi

mes mains

elles virent l’air à l’envers

l’écho était sournois

il partait et venait

se nourrir de mes angoisses

comme de mes joies

regarde les murs

regarde les coins

regarde comme rien n’a changé

j’étais là

tout ce temps-là

je suis l’insignifiance

dont je signe

le creux

de mes yeux

mon souffle

aura sculpté

des filaments de soupirs

je nous invente

des amours

et des amours

si seulement là

tu existais

comme toi

tu le fais si bien

quand je ne pense plus

que je ne pense plus à toi

*

#envoyonsNousValser

mon torse s’effrite et tournoie sidéré

couleuvre désœuvrée dans cet œsophage

l’écrin de tes seins appréhende l’été

m’abreuve et défie tout mon œuvre à l’ouvrage

décoratrice, quelle drôle d’idée

d’accord je l’avoue, oui, tu meubles mon cœur

moi, alpiniste, tu veux bien m’expliquer

je me demande, là, suis-je à la hauteur

garde tes salades et embrasse-moi donc

non, je ne chercherai plus à te comprendre

moi, malade, tu as perdu la raison

maladie et amour, c’est à s’y méprendre

***

#typingCorps

#épicerie

Abilify

Seroquel

Zyprexa

Risperdal

Rivotril

Attivan

Xanax

Wellbutrin

Epival

Carbolith

*

#désordre

Cœur

Poumons

Estomac

Tripes

Vessie

Le corps

en pagaille

Je pagaie le blizzard

C’est une façon d’être

que je ne contrôle plus

La tourmente et la plainte de la tourmente et la crainte de la plainte de la tourmente

Les souffrances s’enchâssent

gigognes

Le temps me presse, me compresse, me cogne

Toc! Toc! Toc!

C’est pas bientôt fini tout ce raffut!

Ici, le silence me hurle des ordres.

*

#étranger

C’est mon corps étranger

C’est mon cœur du problème

C’est ma question qui tue

C’est ma fin des temps

Il y a un trafic indifférent

des boîtes isolées à la queue-leu-leu

Il y a la somatisation

Il y a le bruit du voisinage

Il y a tout le monde

Il n’y a personne

*

#mindfuck

Ce coffre

la plaine les cowboys les Indiens et le soleil

couleurs magiques

de ces enfances fictives

Ce coffre

et le jouet

de ces pulsions muettes

secrètes

de cette fille qui ne joue plus à la poupée

Cette salle de jeu

bordé dans le lit

le jeu qu’on enterre

le jeu de la bouche

le jeu des doigts

qui ne comprennent pas

L’enfant joue

la fille ne joue pas

l’enfant poupée

les années

l’adolescence et le clash

de l’amour

quand tout meurt

mais ne meurt pas

*

#agression

« Ça te ramasse comme un décès

comme un cancer

Comme les années de solitude

Comme on erre dans les non-lieux

Comme une méfiance tenace

Sans croiser de regard

Sans songer à l’amour

sans raison

sans destin

sans rendez-vous

sans même te concerner

Car tu n’as rien à voir avec tout ça

Car la souffrance ne t’appartient même pas

Vas-y, érige-toi, construis-toi, patente-toi une vie

Je rôde à t’oublier impunément intime »

— Je voudrais me perdre dans les nuages et pleuvoir mon enfance.

*

#constat

La poésie façonne un traitement logique

de ma dérape

elle contient dans une chaîne de symboles

toute la schizophrénie de mes amours perdues

L’occurrence d’un bas-fond est reconnaissable

dans la polarité de mes connotations

J’énonce, ici, mon cœur en perdition

en une formule rationnelle

Vous constaterez, sans le moindre doute

(les chiffres ne mentent pas)

que la majeure partie de mes textes

reprend le paradigme sémantique

de la souffrance comme ligne directrice

En effet, la déroute affecte mon équilibre

J’espère que ce poème vous a instruit

au sujet de ma folie.

*

#sauverSaPeau

Je coupe le cheveu en quatre

J’imagine et j’aménage

Je débute et je commence

Alors, un aperçu :

– l’œuf

– la poule

– la chèvre

– le chou

– le coq

– l’âne

Crisse que chus mind f*ck

*

#meds

Autour de ma nuque

Un assemblage de béton armé

D’acier trempé

Alambiqué

D’où la pression du monde

Exerce sa force

Concentre son poids

Sur la pesanteur de ma concentration

Je

Désarticulé

Trouver la création

Trouver la connexion

Trouver le sens

Trouver le symbole

Trouver la rime et l’assonance

La résonance des âmes

Pour peu qu’elles soient

Trouver l’intérieur de soi

Son image

Je

Désarticulé

Déboîté

Détraqué

Autour de ma nuque

La ville

Les étrangers

Leur voix

Le paradoxe du monde

Irréconciliable

Puissamment que ne s’achève

La déroute

Irrémédiable, diable

Immédicamentable

Irrésolvable

Psychose médicamenteuse, menteuse

Neurochimie

Insoluble

Je

Déréliction

*

#issue

Je louvoie de trouble en maladie

de maladie en handicap

Je colle à ce qui se nomme

Je pogne des débarques

J’ai de symptômes

la limite de l’imagination

la tête dans les paumes

souffrances convictions

Il y a un mot pour chaque douleur

que les cafards habitent

Il y a un nom pour chaque vide

que ta chaleur quitte

Je n’ai du soleil

que les vagues et le rouge

Mon amour propre ou le danger

de ma rage en prédation

La corde ou la tempe

ou l’alcool et les Xanax

Aimer oui, mais l’issue?

*

#anxiété

Dans le noir

l’heure est grise

et la peur, criarde

La nuit se rivotrile

Du calme et un peu d’eau

La blessure

(si c’en a l’impact)

lancine avec le temps

Je rôde dans ma tête

de vérification en vérification

La table de vérité

pour évaluer et retourner

la vérité sur la table

Je m’opère le crâne

en de multiples équations

La nuit se risperdale

L’heure devient souple

sur mon oreiller

j’évanouis une à une mes angoisses

coups à blanc

coupes à blanc

Désert

Néant

Les voix ou le bruit blanc

*

#socialImpairment

Pour faire simple (simple, c’est vite dit)

Il faudrait que quiconque

sache les moindres fibres

de ce qui me compose

Zéro surprise, zéro jugement

Bang!

À chaque nouvelle rencontre

— DANGER! DANGER! —

informelle

tout est à rejouer :

Feeler le calcul entre le calcul et le feeling

Mesurer les chimies

Agir et être

dans la nature du tout naturel

Paf!

J’élucubre des pétrins

Je fantasmagore des Golden Globes

Ma cervelle s’MGM

dans le tout naturel de la nature

où je glisse comme quiconque

entre l’indifférence et la norme

*

#montréalitudes

– À soir

j’ai la pluie facile

des f***ing grosses gouttes

C’est ben dommage

Ton parapluie

Y sait pas quoi dire

– …

*

#ifElse

if (monde.ecrouler(reves) == (cauchemar&&realite)

peine.boire(clodius, quaranteOnces, rivotril[0,30])

else

biere.boire(froides[0,12])

*

#autisme

Tout est gris

tout est neutre

tout ce que je suis

est intérieur

Qu’est-ce d’avoir peur

ou de la peine

de connaître le bonheur

ou la colère?

L’âme est si lisse

que l’air si confond

les galets s’y précipitent

sans faire de ronds

Rien n’est noir

ni même blanc

Je vis dans un tiroir

indifférent

Si tu crois que j’ai tort

touche-moi l’épaule

avec tout le confort

de ta paume

Je prendrai le temps

de te connaître

je t’ouvrirai les battants

de ma fenêtre

Tout est calme

dedans ma bulle

l’ennui n’a pas sa place

dedans ma bulle

Qu’est-ce le soulagement

de l’ouvrage fini

ou le contentement

d’être accompli

Je fais parti du monde

sans ma participation

Je trotte les secondes

sans anticipation

Rien ne me presse

dedans ma bulle

Je range mon tiroir

sans en prendre l’habitude

Si jamais je t’ennuie

touche-moi l’épaule

que je te sourie

que ça te fasse tout drôle

Je ferai l’effort

d’être présent

de t’aimer plus fort

silencieusement

*

#couloirs

Talons qui claquent

le plancher glisse.

Et vont mes pas dans le bruit de leurs pas.

Longs couloirs sans repères, je vais amnésique après le pas précédent. Longs couloirs sans pitié, je vais incertain du pas suivant.

Je traverse votre cadre fuyant au-devant. Il ne connaît pas l’éblouissement de mes yeux préoccupés à jalonner les recoins sans début, à farfouiller les murs sans fin, à triturer les tons sans réponse, à questionner le blanc sans remède.

Fermer l’œil de la nuit.

Fermer les yeux, oublier…

Je marche.

Je sème l’inadvertance d’un regard paniqué

et

l’inquiétude me hante

et

la lucidité m’héberlue

et

la certitude m’envahit

et

la raison me perd

et

les mots me manquent.

Poursuivre?

Quoi?

Comment?

Longs couloirs muets.

Longs couloirs, contradiction.

Longs couloirs, obsession.

Longs couloirs fugitifs.

Longs couloirs, encore.

Longs couloirs, toujours.

Longs couloirs.

Longs couloirs.

Courir.

Fuir.

Se cacher.

Frôler les murs.

Tomber.

Ramper.

Sursauter.

Se retourner.

Crier.

Régresser.

Attendre.

Continuer.

Se perdre.

Et puis quoi?

Toi!

prends ta main,

prends la mienne.

Ouvre-moi un plafond

et lance-moi parmi les oiseaux.

*

#silence

J’ai des sensations étranges

Je rampe sous le tapis

Je crois que je vous dérange

Jamais, je ne souris

Mon cœur n’est pas étanche

Les larmes suintent de mon lit

Du lundi au dimanche

La dérive du ciel gris

Il y a un cercueil dans ma chambre

Où je ne dors pas la nuit

Il y a un œil sous la porte

Qui m’observe et m’épie

Maman voudrait que je mange

Avec plus d’appétit

Je rêve de devenir un ange

Aux os lisses et petits

Débordant d’intelligence

De grandeur, de génie

Je suis heureux de la chance

De m’aimer sans répit

J’ai un talent immense

Je suis sans merci

Nul ne mérite ma patience

Ni même d’être mon ami

Quand j’écoute mes paroles

Mes oreilles deviennent folles

Je ne supporte pas le bruit

Qui court sur qui je suis

Dans la cour de l’école

Tous les enfants rigolent

Je ne supporte pas le bruit

Sur tout ce que je vis

Je ne veux pas qu’on me console

C’en est assez, ça suffit

Aujourd’hui, j’en ai ras le bol

De tout ce que l’on dit

Les solutions qu’on me donne

Les pilules, les thérapies

Numéros de téléphone

Ce n’est pas comme un ami

*

#identité

Ce que l’on exige

les conditions les termes

se donner le corps en pâture

à la norme

J’habite cet espace étranger

que je ne reconnais jamais

Il me revient chaque jour

le poids le traîner

Je ne suis d’aucun sexe

d’aucun nom

d’aucune identité

je suis le toujours du jamais

ou l’inverse

ou rien

je suis la perpétuelle négation

de ce qui me semblerait être moi

dans une enfance violée

*

#attente

la tivi à l’urgence

vomit des vacuités

entre un consumérisme

gangréné

et la stupeur

de ma famine

au pronostique

des soleils

à revivre

*

#trouble

Cela se nommerait

le vrombissement

du grand dehors au dedans intermittent

Cela se nommerait

une veillée

solitaire

à lampées de camomille

Cela se nommerait

la vacuité noctambule

d’une réfléxion sans objet d’attachement

Cela se nommerait

du nom

de ce que l’on doit garder secret

parole d’honneur donnée

aux stigmates

de ma catégorie

Il ne serait pas aisé

pour celui qui ne se tait pas

d’en parler avec flegme

comme on parle de son quotidien

Ma tête est ce foutoir

aux questions décousues

J’attends le sommeil

d’un espoir messianique

J’attends, l’esprit malsain, l’esprit sain

*

#somatiser

Il y a de ces nuits qui vous font la misère

dans la disparition des fleurs

l’ornement de la douleur

qui cisaille ciselante

le parfum de l’oxygène

le calme de la tête

en terrain de bataille

En me demandant

à quand la fin des brisures

les os s’anacoluthe

les éclairs dans le nerf

se ballisme

à la marée marasme

que ma bouche

suffoque

à petites alvéoles

toutes petites

toutes petites

que se ptoserait

l’univers

dans la chute de mes bras

à bras le corps et le vide

qui gouverne

l’éternité

***

#typingCrocs

#overtime

Je leur offre une rançon

de tout mon cul

Pour emprunter

de quoi remplir

du temps libre et illimité

*

#discours

Tes lèvres se sont serties de nos adieux.

Tes yeux, de mon retour.

Ce steak est, ma foi, si savoureux!

Non! J’en veux pas dans ma cour!

L’instant s’est gavé des cieux,

des anges et des amours.

Crime! Y’est où le torieux!

Le noir, c’est glamour!

Peuple, prends la main des miséreux

et mets la pizza dans l’four.

De même, mon poème a l’air niaiseux

Mais, c’est plus que des calembours.

*

#JohnWayne

Je suce la moelle nosferatu

l’os fêlé d’un acouphène dans le crâne

propaganda bancocratie

au doigt et à l’œil du crédit nubile

de la bille et de l’aubaine

Roll Royce dans la farine de la poudre, mon bébé

P&G colle au cul de junior Burger

Je randomise les transactions à quatre pattes

Je visualise le Château des Carpathes

Big Brother

doggy style

Big data

groggy style

Je te post des poèmes dans face

Comme on crache dins westerns crasses

*

#violenceConjuguée

J’a bois J’aboie J’ai bu J’abuse J’a bats J’a bute

*

#yesSir

Tu rêves :

une job de 9 à 4

pis d’l’overtime oui mets-en

un char de luxe

pis des feux rouges bouge bouge bouge

Un boss qui s’en câlisse criss criss criss

sauf si ça plaît aux actionnaires calvaire

Une grosse baraque tabarnak

une grosse hypothèque avec des gros chèques

pour le beau linge des ados les beaux logos beaux bobos

pour la fin semaine de ski oui oui oui

pour le spring break se soûlez sa beach

pour oublier les collègues

pour oublier le cawwwlisss de boss

Y sait que t’as de l’ambition

mais y faut toujours que tu y prouves

grimpe les échelons long long long

les semaines sont longues, long long longues

Une job de 9 à 4

tu te fends le cul en quat’

tu trouves ça long

tu trouves ça platte

tu veux voyager yé yé yé

pis toute oublier yé yé yé

Moi je rêve d’une répartition juste et équitable des richesses

deux questions :

Lesquelles et comment…

Pis je t’enlève rien

T’es courageux, t’es vaillant

Mais pour qui?

*

#hurle

Le devoir et le labeur

La persévérance

Le choix et le cœur

L’espérance

Marche ma rue

Marche ma ville

Marche et porte ta voix

Laisse la tivi

Laisse la canisse

Laisse la vaisselle

Laisse la lessive

Laisse tes cahiers

Laisse tes couleurs

Réveille ton frère

Amène ta sœur

Lâche le bureau

Lâche le journal

Fais le gros dos

Sors ton joual :

Crisse! On peut-tu parler?

*

#rhétoriqueDeLaVérité

Quand t’as pas d’argent

t’as pas de besoins à combler

t’as pas faim

t’as pas froid

t’es pas malade

t’as pas d’amour à donner

ni à recevoir

t’en as pas de dignité

Tu payes pas de taxes

Too bad!

Oublie ton nom

oublie ton histoire

oublie ton adresse

Voyons!

Réveille le pelleteux de nuages!

Y’est où le gros bon sens?

*

#crédit

Je jette une livre de beurre dans mon panier

Je jette le steak avec le beurre

Je jette le beurre sur le comptoir

Je jette le steak sur le comptoir

Je jette ma carte de crédit sur le comptoir

Je jette le beurre dans un sac

Je jette le steak avec le beurre

Je jette ma carte dans mes poches

Je jette le sac dans ma Huynday

Je me jette sur la route

Je jette le sac sur le comptoir

Je jette les clés aussi

Je jette une noisette de beurre dans la poêle

Je jette le steak dans le beurre

Je jette le steak dans une assiette

Je jette l’assiette dans les ordures

Je jette les ordures dans la benne à ordures

Je me jette dedans

Le ciel s’ouvre

J’ouvre mes ailes

Saint-Pierre me tend un terminal

Je passe ma carte de crédit

Pour l’éternité

*

#jeTePlumerai

Quelqu’un d’armé

Ça dit vrai

Ça remplace un livre, une école

Ça remplace une mère, ça fait mieux qu’un prof

Ça te montre comment devenir le plus tough

Quelqu’un d’armé

C’est pour ton bien

C’est pour le bien du voisin

son terrain

son sous-terrain

Quelqu’un d’armé

Ç’a tous les droits

Au-dessus des lois

Quelqu’un d’armé

Tu niaises pas avec ça

Ç’a toujours raison

Mon garçon

Quelqu’un d’armé

c’est full sécuritaire

Ça te crève l’œil, ça te casse les dents

Ça te r’met la paix à bonne place

*

#boulot

Mon décembre embourbé

des promenades embourgeoisées

MasterCard m’a busté mon été

le café dans le bol va finir dans la bol

J’ai beau me discipliner

Je bâille le peu de sommeil que j’ai en banque

*

#shop

Je fus un homme

un automate

un métronome

échec et mat

Shift après shift

Nuit après nuit

Mériter de survivre

l’usine du temps

fait son ouvrage

j’use ma jeunesse

à poursuivre

le jour qui fuit

sans économies

mes ivresses

Les instants de liberté

pour préparer le reste

S’offrir le divertissement

de disparaître dans le sommeil

Absence

Absence convoitée

*

#20140819

Paroxysme exacerbé d’artifices galère

Au sommet des sommets

de l’avoir franchi

L’interdit affranchi

recueilli se recueille

retombant retombées en éclats lumineux

Anarchie convoitée

d’en finir avec l’usine

D’où sortent les ouvriers formatés?

Aux abords du gouffre

où se rencontre mon Amérique

le mur est passé

Je perfore mon cœur

de l’attente d’une volteface

Migrer pour l’eau

pour le climat

*facepalm* double tour double-face

Duck-tape ma planète

Derniers jours

*

#maturinIAIAO

Aveu mensonge

Je te tourne en bourrique, est-ce que je te dérange?

Je suis un excentrique, comme c’est étrange.

Prends-le!

Écoute son bruissement sourd.

Il glisse bien sûr le papier. Youpelaï!

C’est fou! Ça tache et ça glisse.

À QUOI PENSES-TU?

Oh! le beau Velcro paresseux.

Ses rabats de joie stickés là.

Du bruit. Dé tachez-moi du bruit!

Je m’ébruite.

Les murs ont des portes de grange.

Il y a du foin pour les vaches à lait.

De la bouette pour les porcs.

Je te tourne en bourrique

du coq à l’âne.

Écris. Écris-moi un mouton,

deux moutons, trois moutons totons…

Bêêêtes-z-êtes-z-êtes-vous noirs?

Compter les moutons m’ennuie à dormir debout.

Je te fais écrire des bêtises à coucher dehors.

Dehors.

Bac vert sur le bord du ch’min

que ton jour vienne,

sur la rue comme à la ville…

donne-nous, aujourd’hui, notre hygiène planétaire…

recycle-nous comme nous recyclons aussi ceux qui nous ont gaspillés…

Mais, délivre-nous de la malle

pis des circulaires de la tentation que nous Avon.

Embraye.

Y a des annonces par-ci, y a des annonces par-là :

Tarot suffocatoire

Mensonges à plein poumons

4,99$/minute

crédules seulement.

*

#salutationsAuSoleil

Ajoutez-moi à votre liste d’envoi

Tirez-moi du sommeil

Retirez mes tirelires de mes tiroirs

Je nourrirai mes emprunts de satisfactions garanties et prolongées

Ma nation m’appelle et m’offre l’assurance qui me fait défaut

Qu’on me fasse des pieds, qu’on me donne la main

Je fais le rêve éveillé de me combler de besoins

Je suis sans famille qui ordonnent et dirigent le monde

Tu votes et ne sais pas

Je vous aimerai toujours

Pour quatre paiements faciles de 29,99$

Put on the red light!

*

#trafic

Solitude VUS scarifie la ville

Altitude chemtrails scarifie l’esprit

La pollution et l’achat

d’ouvriers étrangers notre chômage

Quel bonheur? la blessure le congé maladie

Quel bonheur? l’enfance les joies et les cris

Quel bonheur? la fabrique les cadeaux et le prix

Solitude opulence Range Rover Ferrari

masse informe et sans nom s’entasse building

Les impôts ou les niches ou les sans-abris

Sans beurre sans peanut et sans Beefaroni

Sans gluten Pizza Hut et trois heures de gym

Solitude la détresse le silence s’alourdit

Altitude ascenseurs cubicules tout petits

*

#cage

J’en aurais vus de vous

Le thorax tremblant

De l’oiseau et le prédateur

Qui comme l’horloge impossible

Martèle la dégringolade

On les croise dans des recoins sans nom

Sans histoire ni solidarité

On les croise comme des regards

Avec le vide consterné

La beauté d’un poème et l’urgence

La ville décadence

Le vide des cadences

Des chutes perpétuelles

Le mariage improbable

De l’indigence et de l’indifférence

La déréliction des peines

Sourdes et muettes

La routine

Le train-train

Mécanisme esclavage

Aveugle obsolète

Répétée en autant

De rages domptées

Vaccinées

Sur les antibiotiques

Régulées et probiotiques

Les plaisirs automatiques

Des nuages

Que des nuages

Et le ciel?

Est-ce le ciel?

Il n’attend plus personne

Et personne n’attend rien du ciel

Les promesses évincées

Des routes plausibles

L’hypothèse grandissante

D’une étrange liberté

Mais est-ce une solution?

La mort des révolutions

De la roue du système

Des efforts et de la peine?

Le pain est lourd

Il faut l’abattre

Pétrir le papier

Nos doigts flétris

L’usure

Et la patience

Tu me lis

Quelle chance!

J’espère que le silence

Claironnera ton poème

Un temps nouveau

*

#lumières

Il s’est mis à neiger

Je lui dis alors : « Neige donc! »

On saura qui de nous deux verra son ombre le premier

*

#neige

La cadence des villes

La cadence des rues

La cadence des semelles

La cadence des slogans

La cadence des cris

La cadence des joies

La cadence des matraques

La cadence fumigène

La cadence du poivre

La cadence des larmes

La cadence des nouvelles

La cadence des mensonges

La cadence des sourds

La cadence des lois

Mais nous percerons la neige.

*

#leNouveauDiscours

J’ajoute à la construction de soi

des trouvailles à la mode.

Le courant passe

ou ne passe pas.

La fondation de mes révoltes encapsulées

encapsulée.

J’expose un réseau de statistiques

à un public potentiel.

Les grandes routes,

le bitume neuf,

le bolide,

le rythme urbain,

la fougue,

la jeunesse,

la liberté sur cinq ans

pour tous les budgets

un ti-chat

un yogourt

et que sais-je

s’il adviendra

l’EMPOWERMENT

S-O-O-O N-E-E-E-D-E-D

Oui, je le veux. Amen!

Un pantin déconvenu, soliloqua-t-il.

*

#WeaponCorpAvenue

Sur la Weapon Corp. Avenue

N’est chef que l’exemple (psych!)

Nul patrimoine n’est privé (psych!)

Les mots sont les mots (psych!)

On va jusqu’à l’horizon (psych!)

Les conteurs et les frères sont des conteurs et des frères (psych!)

Sur la Weapon Corp. Avenue

La terre est la terre (psych!)

Le ciel, le ciel (psych!)

L’océan, riche (psych!)

La multiplication, miraculeuse (psych!)

La courbe, exponentielle (psych!)

La mesure, sage (psych!)

Notre origine, notre rendez-vous (psych!)

Notre avenir, notre espoir (psych!)

Sur la Weapon Corp. Avenue

nous ne connaissons pas la peur (psych!)

*

#raréfaction

On a raréfié ma terre.

On a raréfié mon blé.

On a raréfié mon pain.

On a raréfié ma concurrence et ma pitance.

On a raréfié mon temps.

On a raréfié mon sommeil.

On a raréfié mon repos.

On a raréfié mes biens.

On en a raréfié la durée.

On a morcelé les services

en en raréfiant le temps d’usage.

On a raréfié nos valeurs.

On a raréfié nos choix.

On a raréfié notre salut.

On a raréfié le travail.

On a raréfié le savoir.

On a raréfié la soif.

On a raréfié l’eau, le feu, l’air et la terre.

Les multimilliardaires se sont raréfiés.

*

#godBlessAmerica

Ce n’est pas

parce qu’une poignée

de crétins

font la guerre

au nom de Dieu

que Dieu

cautionne la guerre

Je pourrais

faire la guerre

au nom des licornes

des extraterrestres

des vampires

et des lutins

ça n’engage que moi

Faites donc pas chier

*

#paradis

J’ai prié

le ciel

J’ai guetté

le ciel

Soudain

on larguait

de la démocratie

à grands coups

de libertés

à grands coups

de sécurité

J’ai pleuré

mon frère

dans le rouge

et dans les plaies

Il était tombé

sur le ciel

dans la mire

de notre héros

#leSot

« […] il faudrait

opérer

une saltation

entre la chaleur

de tes pieds

et la chaleur

de la douche… »

– L’Amérique,

dans ce qu’elle a

d’offres

et d’occasions,

s’étale comme

un vol

à l’étalage.

– J’ai terminé

de remplir

ma tasse

dans l’eau de vaisselle.

L’eau de Vichy

ce n’est pas ma tasse de thé.

L’eau est froide,

je prends une dernière gorgée.

– La cellule maritale

possède autant de libertés

que de paiements

préautorisés.

– Une critique

de minuit.

Je connais fuck all.

Paul regarda sombrer

la Virginie

en se demandant

combien de saltos

sous-cortico frontaux

sont nécessaires

aux régimes austères

poil au derrière.

*

#infime

Pendant le bulldozer

Je me refuge ailleurs

L’esprit chancelant

Je titube pendant

Quand la fatigue

Quand la fin des saisons

Quand jamais

Et puis pourquoi

Lorsque tu

Lorsqu’alors

Et avoir l’esprit

Tout le pouvoir

Tout

Sur soi

Sur le monde

Les vagues

Sur l’érosion

De l’heure

Et de la promesse

Je suis sans

Voilà le drame

Et la beauté

Si d’en être

Pendant que rien

Non rien

Presque et totalement

*

#appel

lors de tous les démantèlements

du monde

dans les vacuités incessantes

de la boîte à menteries

dans le ventre creux

aux attentes de lumière

sur le seuil de l’improbable espoir

contre les destructions massives

du tissu de ma pensée sociale

au revers d’une gifle

sur le rêve d’une idée

à la crainte d’un danger

imminent d’oubli

incomplétude béante

le jour dans la nuit

*

#mercenaire

L’ordre m’apparaît palpable

au rendez-vous

des soukounyans

Il te vacarme

la ville

te la zombifie

à renfort

de soif et de nahuals

L’impérieux oblige

vampiriser

cette petite jeunesse

de la fange

ouroukaï

– illettrisme en poche –

à la recherche du Call of Duty

du plus offrant

laxative

democracy

liberty

security

*

#durer

Banjo mon cerveau

Banjo-le

Guitare mon ventre

Guitare-le

Sitar mes jambes

Sitar-les

Cha cha mes poumons

Cha cha-les

Meringue mes viscères

Meringue-les

Lambada ma bouche

Lambada-la

Chili ma jeunesse

Chili-la

Jalapeño ma survie

Jalapeño-la

Poivre mes cheveux

Ne me poivre pas

*

#lutteÀLaPauvreté

un bon coup de matraque sans gluten

un bon coup de matraque sans OGM

un bon coup de matraque sans préservatifs

un bon coup de matraque sans gras trans

un bon coup de matraque sans allergènes

un bon coup de matraque avec 50% moins de sel

un bon coup de matraque sans édulcorant

un bon coup de matraque sans GMS

un bon coup de matraque en format familial

un bon coup de matraque avec moins d’emballage

un bon coup de matraque sans trop de calories

un bon coup de matraque additionné de vitamines A, D et B12

un bon coup de matraque avec 14 éléments nutritifs

un bon coup de matraque 9 céréales

un bon coup de matraque source d’oméga 3

un bon coup de matraque sans pesticides

un bon coup de matraque sans maltodextrine

un bon coup de matraque sans benzoate de sodium

un bon coup de matraque fait d’ingrédients naturels

un bon coup de matraque riche en fibres

un bon coup de matraque faible en gras

un bon coup de matraque sans colorants

un bon coup de matraque frais du jour

un bon coup de matraque ça nourrit

***

#typingSangs

#liquidation

Une rue baveuse

s’intercale dans la route des choix.

Quelle aubaine!

Quelle aubaine!

Quelle aubaine saura gagner mon cœur

de coppe?

Montréal s’ouvre comme un sexe chaud

de falaises affolantes affriolantes

que je lèche comme une vitrine

jusqu’à épuisement.

Tout doit disparaître!

*

#décembre

Blanche ma rue.

Les traces de rentrer chez soi roulent en rafales.

Marchent inconnus.

La tête couverte le regard raccourci.

Vents avenus

aux connivences de cristal et de torture.

On dit que ça réveille,

que ça conserve.

Je dis que ce n’est pas pareil

sous toute réserve.

Noire la rue.

Dans l’oubli,

un sans-abri.

*

#joints

Il y a un cœur perforé

par les minutes acides

d’un ennui persistant

dans sa cage thoracique

Alors, il s’en va vivre en gris

Roi de sa gouttière

Dans un royaume de cendres

Sur un trône de suie

Sous un masque de goudron

au concert de la toux sèche

là où les gris sont multicolores

*

#who

Ses yeux

putrides

lucides

placides

candides

acides

Cette jeune siamoise

clouée à son bras

Entre la méthadone et les opiacées

Elles dérivent les heures surréelles

Et le blond de Javel

Extase Ecstasy

Power Peach

PCP alchimie

Choisis ton beat

Sortir de soi

Chez soi n’existe pas

Les chemins se confondent en de multiples détours

Who?

Mais où?

Le chemin

C’est le trip et le bout du trip

*

#fix

Je suis ce pantin catapulté

Flanché à gauche

Dravé à droite

Un plancher se soulève

Il happe mes rotules

Me soustrait de ce monde

Je suis un trou

L’étreinte du sol sous mon pouls

Un éclat de granite fore ma joue

La douleur chevauche mes visions

L’31r0H¶U3 de voler vers jamais

Il y a la glace

Il y a mon corps

Il y a mon ombre qui gît dolente

*

#laDérive

Le manque lacère mon mal

Je suis la loque macérée

Je suis devenu marginal

Je dérive sans l’opiacée

Il reste de ce monde

de fébriles fumées

Vestiges d’une immonde

guerre de charniers

Là où les flammes lèchent

les murs de mon crâne

de là où partent en flèche

mes rêves infâmes

Voyez-vous mon corps tout froissé

dans les flancs rances des tranchées

quand je sommeille dévasté

dans l’ossuaire du sommier?

J’ai le souffle catastrophé

agitant mon tronc pétrifié

quand je m’engouffre détrempé

dans la stase du surgelé

Il me semble… j’en tremble…

Je le vois… Je le crois…

Ensemble, elles m’étranglent

toutes ces fausses joies

La substance m’appelle

Je l’entends haleter

des tempes à ma cervelle

Hurlements évasés

Le trou lacère mon mal

Je suis la loque macérée

Je suis devenu marginal

Je dérive avec l’opiacée

*

#marge

C’est le soir que recèlent les halos des bolides.

C’est le soir qui s’infiltre dans les litres de sa chaire.

Deux tiers.

Artères. Mers et mondes et merveilles. [Générique]

Voilà l’alcool affalé sur un banc

Vert

Auquel se destinent des postérieurs anonymes. [Rires]

Sa fonction élargie de soutien public,

strapontin au dormeur, sans Rêve, nonchalant.

C’est le soir, les bolides, l’alcool et un banc.

Sans spectacle ni public. Sans applaudissements.

Phylactère : « Sans plus tarder, accueillons M. Quelqu’un. »

[Applaudi$$ements]

*

#épave

Les défauts du sol

Les fissures de l’aube

Le sommeil me prend

Sous le ciel est grand

Carcasse de la route

La nuit des possibles

Quand s’épuiser

La seule rive

L’inévitable

Trouvaille jeunesse

Gorgée de paille

Soleil ivresse

*

#fashionista

toujours

à une pub

du bonheur

vénérer

Photoshop

absolu

inconnu

j’achète

ma validation

selon l’apparence

des autres

se satisfaire

ou se réaliser

y a-t-il une option

plus économique?

*

#auCœurDeLaPoubelle

au cœur de la poubelle

dort l’éloge

de la fertilité

un container

rattles and shakes

dans les gros plans

d’un caméraman

la fragilité

du souffle

éclabousse

le béton

les portes

grillagées

ne connaissent

que de la rue

les bolides

qu’on coutume

de piloter

des chauffeurs

domestiqués

un enfant blotti

sur le sein de sa mère

l’estomac vide

se resserre

de tant

de beauté

la ville n’a pas de secrets

si secrets

aux clochards

éveillés

*

#fort

triste ma poitrine

triste-la fort

l’obcurité a trébuché

sur ta gamelle

les chaussures passent au pas

les chaussures passent d’un pas pressé

ce que tu es

ou n’es pas

cela dérange

mais ne dérange pas

le pas des passants au pas pressés

tu as le temps

tu n’es pas pressé

cœur mon ventre

cœur-le ferme

ferme mon œil

fermement

sur le rêve

d’un meilleur jour

*

#urgent

il faudrait un gîte

pour l’eau de l’œil

et un bras sous le mien

j’ai moins besoin d’air

que d’oxygène

tu as la rue pesante

et j’ai la molaire au chômage

il invective l’oppression

vous en avez le cœur moins net

nous sommes des restants de tables

tondus et classés

la jeunesse nulle et non avenue

je me tors de politesse

sous les ordres lourds gourds sourds

du besoin évidé évident

d’un meilleur jour

***

#typingRécit

#réception

Les voix se réinventent l’histoire

Celle de

Celle que

Celle dont

Celle pour

Celle contre

Celle quand

Les jamais les toujours

Confondus

Et je ne sais plus

***